Vue romantique

Elle ne comprenait pas et cela ajoutait à la détresse de Tristan. Il secoua violemment la tête en signe de dénégation quand elle lui demanda si elle était une simple distraction. Io était acculé et il n'aimait pas ça. Son ton se fit véhément :

- "Non, tu n'y es pas du tout! Jamais je ne t'ai considéré comme une distraction! Si tel était le cas, je ne t'aurais pas arrêté!"

Il s'approcha d'elle et la prit par le bras, assez rudemment, rappelant irrésistiblement son accès de colère sur la plage.

- "Tu veux savoir qui je suis vraiment?"

Ses yeux étincelaient de colère, en même temps que sa voix prenait des accents désespérés. Conscient qu'il devait lui faire mal, il la lâcha vivement. Et sa colère tomba d'un coup. Il se détourna d'elle pour s'appuyer à la rambarde et regarder l'horizon ténébreux.

- "Mais si je te le dis, je vais te perdre..."

Sa voix était infiniment triste, de même que le regard qu'il porta sur elle. Un regard où brillait une interrogation muette : veux-tu vraiment que je continue?

- "Non, tu n'y es pas du tout! Jamais je ne t'ai considéré comme une distraction! Si tel était le cas, je ne t'aurais pas arrêté!"

Oui, là il marquait un point, mais la colère l'étouffait et la jeune fille était bien trop orgueilleuse pour se remettre à sa place toute seule.

- "Tu veux savoir qui je suis vraiment?"

-"Oui va y dis moi! De toute façon maintenant je n'ai plus rien à perdre..."

Il venait de l'attraper par le bras et cela lui avait rappelé la scène de la plage. Son bras devenant douloureux, elle le secoua jusqu'à ce qu'il la lache.

- "Mais si je te le dis, je vais te perdre..."

-"Mais non, arrête... Va y raconte! Nous avons toute la nuit et je commence à perdre patience!"

Mais non, arrête... Va y raconte! Nous avons toute la nuit et je commence à perdre patience!

L'adolescent la regarda gravement, avant d'éclater d'un rire aussi bref et sec qu'un aboiement.

- "Oh rassure-toi, ça ne durera pas tant de temps que cela..."

Il se passa la main dans les cheveux, cherchant à adoucir ce qu'il allait dire. Rien à faire. Il ne savait pas comment s'y prendre.

- "Quand je t'ai dis que ma mère et mon beau-père étaient morts... je ne t'ai pas dit comment."

Il se tut un moment, cela était tellement difficile à dire.

- "Cela est arrivé il y a peu de temps... Mon beau-père était ivre, une fois de plus et il a commençé à frapper ma mère. Et elle, elle ne bougeait pas, endurant passivement son supplice. Je n'ai pas pu le supporter. Cela faisait des années que je l'endurais moi-même ou que je le regardais faire sans lever le petit doigt... Mais cette fois-ci a été différente..."

Il avala péniblement sa salive.

- "Il allait la tuer Saria, j'en étais certain! Alors, je me suis interposé, ivre de colère. Je... j'ai commença à le frapper avec une force que je ne me connaissais pas, totalement aveuglé par la rage. Je l'ai frappé encore et encore. A un moment, ma mère a voulu m'arrêter, je... je l'ai repoussé violemment. Elle est morte en tombant. Quand à mon beau-père, je l'ai fini à mains nues, enfin, je crois. Je ne me souviens plus de tout. J'étais dans un état second. Quand, j'ai repris mes esprits, il était trop tard... J'ai appelé les secours et tout, mais c'était fini. j'ai bien sûr été traduit en justice... Mais pas condamné. Légitime défense. Quand à ma mère, les avocats ont dit que c'était mon beau-père qui l'avait tuée. Voilà."

Il n'osait plus la regarder, de peur de lire la condamnation et le dégoût dans son regard bleu. Que n'aurait-il donné pour changer cette nuit... Désormais, la culpabilité l'étouffait, comme l'horreur qu'il ait pu tuer ainsi. Et il avait éprouvé de la jubilation en tuant son beau-père. Mais ça, il ne pourrait jamais l'avouer. Une unique larme glissa sur sa joue qu'il s'empressa d'essuyer. Il n'allait quand même pas pleurer devant elle!

Il venait de lui révéler une histoire tragique qui le concernait. Elle avait écouté sans rien dire, Tristan avait tué et cela ne la choquait pas particulièrement. Un peu de tristesse s'installa alors en elle, puis s'avançant vers le jeune homme, remarqua le bref geste de main sur son visage.

-"C'est nul ce que je vais dire, je sais mais j'aurais tellement voulu tuer mes parents... Bon tu vas te dire que je ne sais pas ce que c'est et que je ne suis qu'une gamine pourri gâtée mais j'aurais vraiment aimer les assassiner..."

Saria s'arrêta, peur d'avoir fait une gaffe, un petit sourire se peignit sur son visage tendit qu'elle passa sa main dans les cheveux de l'adolescent.

-"Maintenant que tu me l'as dit, je me sens mieux... c'est étrange mais je n'éprouve ni dégoût, ni pitié, peut être devrais-je mais se ne sont pas les sentiments du moment..."

La jeune fille s'approcha encore et déposa un baiser furtif sur le lèvres de Tristan.

-"Mes sentiments à ton égard ne changeront pas, même après ça..."

Il ne répondit rien quand elle lui annonça qu'elle aurait aimé tuer ses parents. Le souhaiter et le faire étaient deux choses bien différentes. Néanmoins, il n'avait éprouver aucun remord pour son beau-père. ce qui le tourmentait, c'était sa mère. Il l'aimait passionément, cette maman. Et maintenant, elle n'était plus là... Par sa faute. Il sursauta légèrement quand elle lui caressa les cheveux et lui avoua que cela ne changeait rien. Elle l'embrassa doucement. Il aurait tant aimé la serrer dans ses bras à l'étouffer!

- "Mais le problème, c'est que je ne contrôle pas du tout cette colère et que j'ai peur que tu la subisses un jour... Ca fait déjà deux fois que je te fais mal..."

Il caressa doucement le bras qu'il avait meurtri peu de temps auparavant.

- "Je suis désolé... J'ai peur qu'en m'attachant à toi, mes colères n'en soient que plus vives... Surtout que je suis d'un naturel jaloux."

Il prit l'adolescente dans ses bras et enfoui sa tête dans ses cheveux flamboyants. Il murmura d'une voix tellement faible qu'on l'entendait à peine :

- "Mais, je crois que c'est déjà trop tard..."

- "Mais le problème, c'est que je ne contrôle pas du tout cette colère et que j'ai peur que tu la subisses un jour... Ca fait déjà deux fois que je te fais mal..."

-"J'ai subi pire que ça alors ça va... et puis je n'ai pas peur..."

Oui elle avait subi des coups, la famine, l'emprisonnement et maintenant ne rêvait que d'une seule chose : que l'on s'occupe un peu d'elle... Tristan avait déjà bien pris soin de Saria jusqu'à maintenant et elle lui en était reconnaissante. Si il voulait arrêter de la voir ça la blesserait car elle se retrouverait à nouveau seule alors, elle préférait le rassurer pour ne pas qu'il parte...

- "Je suis désolé... J'ai peur qu'en m'attachant à toi, mes colères n'en soient que plus vives... Surtout que je suis d'un naturel jaloux."

-"Tu as dû remarquer que chez moi aussi la jalousie demeure suite au comportement que j'ai eu avec Sinsaérè... Je m'en veux un peu maintenant, je devrais peut être me faire pardonner mais je suis tellement orgueilleuse que ça me tuerais de faire un pas vers elle..."

L'orgueil, elle tenait ça de son père, un homme extrêmement riche mais surtout envahi par l'orgueil, il ne s'attachait à personne, même pas à sa propre femme, c'est pour ça que l'on pouvait compter un bon nombre de maîtresses...

- "Mais, je crois que c'est déjà trop tard..."

Ces quelques mots firent rebattre la coeur blessé de Saria, elle l'aimait mais lui n'en était pas sûr, dieu que c'était dur l'amour!

J'ai subi pire que ça alors ça va... et puis je n'ai pas peur...

Malgré qu'elle voulu le réconforter, ces paroles firent mal au garçon.

- "Mais, je ne veux pas que cela se passe comme ça. Je veux que tu te sentes protégée avec moi et que tu ne craignes pas mes colères... Jamais. Je devrais être ton protecteur, pas l'objet de tes tourments."

Il émit un petit rire quand elle lui reparla de Sinsaéré. Il était vrai que côté jalousie Saria n'était pas mal non plus.

- "Une orgeuilleuse et un colérique... Quel couple!"

Il avait tenté de prendre un ton dégagé, sans réel succès. Il était un peu inquiet quand à ce qui allait se passer maintenant. Certes, il était délivré d'un poid énorme, mais un autre venait le remplaçer. Il caressa la joue de la jeune fille avant de lui prendre le menton entre les doigts et de l'embrasser.

- "Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux de t'avoir rencontré Saria."

Il lui fit un beau sourire, avant de lui prendre la main pour la ramener vers les coussins moelleux. Passer la nuit avec Saria dans ses bras... Il ne pensait qu'à ça.

- "Mais, je ne veux pas que cela se passe comme ça. Je veux que tu te sentes protégée avec moi et que tu ne craignes pas mes colères... Jamais. Je devrais être ton protecteur, pas l'objet de tes tourments."

-"Ne t'inquiète pas... Si je me sentais en danger avec toi cela ferait longtemps que je serais parti!"

C'était vrai, la première fois qu'elle avait subi sa colère elle était restée et l'avait pardonné malgré tout alors qu'elle aurait très bien put partir et l'oublier...

- "Une orgeuilleuse et un colérique... Quel couple!"

Ah, on progressait, il venait d'utiliser le mot "couple", preuve que ça avançait.

- "Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux de t'avoir rencontré Saria."

-"Oui, je suis toute aussi heureuse de t'avoir rencontré...Avant j'étais seule maintenant je suis deux..."

Il l'entraîna vers les coussins et la jeune fille se laissa tomber avant de se tourner pour passer ses mains derrière la nuque du jeune homme. Elle se serra contre lui, cette nuit resterait gravée à jamais dans sa mémoire, elle le savait...

-"Pfff demain on a cours à qu'elle heure? J'espère pas trop tôt sinon j'vais mourir!"

Nouveau rire de la part de Tristan.

- "Quand on ne sait pas se lever tôt, on se couche pas tard, jeune fille!"

Il l'embrassa à nouveau, un sourire espiègle aux lèvres.

- "Si je me souviens bien, on doit avoir cour à 8h."

Il la serra plus fort dans ses bras.

- "Dors, Saria... On ne loupera pas l'heure demain matin, je te le promets."

Lui-même dormait peu. Il serait réveillé dés 6h du matin, sans aucun doute. Il se remit à faire glisser ses doigts sur le dos de la jeune fille, machinalement. Il aurait le plaisir de la voir dormir...

- "Quand on ne sait pas se lever tôt, on se couche pas tard, jeune fille!"

-"Oui mais... heu... non rien..."

Elle fit mine de bouder et il l'embrassa.

- "Si je me souviens bien, on doit avoir cour à 8h."

-"Huit heure... hola, bon, j'essaierai de me réveiller! Dans mon ancienne chambre j'étais réveillée par les hurlements de mon père car la chambre des parents était collée à la mienne... Il hurlait car il disait manquer d'argent! Tout les matins il se plaignait alors que moi j'étais enfermée qu'elle sal*ud!"

Elle s'arrêta et, d'un air gêné assura qu'elle ne s'emballerait plus comme ça à l'avenir.

- "Dors, Saria... On ne loupera pas l'heure demain matin, je te le promets."

-"Merci, bonne nuit Tristan..."

La jeune fille se blottit un peu plus près de l'adolescent et s'endormit au bout de quelques minutes, la journée avait été mouvementée, elle était fatiguée à présent...