Mélodie nocturne

Il faisait noir. Seule la lune immense et les étoiles étincelantes éclairaient la nuit profonde. Il devait être tard déjà, mais le jeune homme n'avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil. Il avançait à pas feutrés, tenant quelque chose dans sa main. Le parc était magnifique, éclairé de milles bougies, lui donnant un aspect féerique... l'endroit rêvé pour Tristan. Il posa son bagage sur un banc et en sorti précautionneusement un violon superbe, un véritable stradivarius, tellement rare, mais au son inagalé. Il le tenait de sa mère, c'était son trésor, un antique instrument qui se transmettait dans la famille depuis des générations. Et malgré le temps, il n'avait rien perdu de sa superbe. Le jeune homme le cala sous son menton et saisit l'archet. Alors, il se mit à jouer, les yeux fermés, simplement guidé par son instinct. La musique qui s'échappait de l'instrument était belle, presqu'irréelle. Elle trahissait de la tristesse et le violon semblait se lamenter, écho fidèle de son possesseur. Les accents plaintifs des cordes s'envolaient en une mélopée poigante et d'une beauté sauvage. Il n'y avait nulle partition et le garçon ne se souciait pas de la technique : seule comptait son âme. Et le résultat était à la hauteur des plus grands virtuoses.

[A qui veut, adorateurs de musique ou autres ]

[hj : Moi je dis, vive le violon ! J'en ai fait il y a lonnnngtemps >.<' Je m'ennuie alors je réponds].

Lynn ne savait pas où aller, où dormir, que faire... Elle n'avait toujours pas trouvé la sortie de ce fichu château et commençait à désespérer, à croire qu'elle ne la trouverait jamais. Il était si grand... Peut-être plus que le monde en y réfléchissant bien. Grand... Et riche... Cette luxure l'étouffait, elle l'angoissait. Il devait y avoir des manières qu'elle ne connaissait pas à adopter... Seuls les richards ou les enfants éduqués devraient être ici. Comment était-elle arrivée là d'ailleurs ? Elle ignorait tout cela et préférait ne pas le savoir. Son seul souvenir était celui de vieil homme qui lui avait murmuré quelque chose et... Tout avait disparu.
La jeune fille avait finit par trouver refuse sous un arbre, roulée en boule pour se tenir chaud, elle essayait en vain de trouver le sommeil, mais, c'était peine perdu. Il faisait trop froid. Des frissons parcourait son corps. Elle ne s'était jamais habituée à ce froid mordant qui vous glace jusqu'à la moelle.
Elle hésitait à se lever. A marcher. Elle ne savait pas ce qui l'attendait au détour d'un chemin. Mais elle aimait le danger, la peur. Pourtant... Quelque chose la faisait hésiter. Un vague souvenir, lointain, enivrant. Un souvenir enfoui au fond d'elle. Un souvenir qu'elle ne voulait voir éclater à nouveau. Ici, personne n'était là pour voir ce qu'elle était vraiment. Une jeune fille complètement perdue, désorientée, sans aucun point de repères, sans rien... Une jeune fille à qui ses souvenirs font si peurs.

Une mélodie s'éleva dans le Parc. Une mélodie triste, triste mais belle. Du violon peut-être ? C'était le seul instrument qu'elle appréciait à sa juste valeur. Si elle s'écoutait, Lynn se serait certainement mise à chanter mais... Une personne frottait certainement un archet sur les quatre cordes de l'instrument.
Elle se leva et s'approcha doucement, essayant de faire le moins de bruit possible. La lune l'aidait en éclairant son chemin et le son la guidait.
Elle finit par arriver à son but et reconnut l'allemand (elle était toujours persuadée qu'il en était un). C'était donc lui qui jouait aussi bien ? Malgré toutes ses précautions pour se faire silencieuse, elle fit craquer plusieurs branches sous ses pieds. Son poignard sortit aussitôt, un réflexe qu'elle s'était appropriée au fil du temps. Il luisait dans l'obscurité, révélant son inquiétante lumière argentée.

[Ahhh, elle va encore m'attaquer!!! Lol... J'aime le violon, mais je n'en ai hélas jamais fait ]

Emporté comme il l'était par sa musique, Tristan ne fit pas attention aux bruits alentours et donc, ne vit pas arriver Lynn. Il continua donc à jouer, jusqu'à ce que tout ce qu'il avait sur le coeur se soit envolé dans la nuit silencieuse. Alors, il rouvrit les yeux et reconnut la jeune fille qui l'avait déjà agressé. Avec des gestes lents, il retira son violon de sous son menton, tout en fixant Lynn.

- "S'il te plaît, ne me saute pas dessus avant que je l'ai rangé... Cet instrument est inestimable..."

Inestimable par son prix et par sa valeur affective. Il le posa doucement dans son étui, de même que l'archet, avant de reprendre la parole :

- "Tu ne lâches donc jamais cette arme? Je ne suis pas ton ennemi, je te l'ai déjà dit. Et je ne suis pas allemand, mais français, d'ailleurs je ne parle pas un mot d'allemand et je déteste cette langue."

Il haussa les épaules.

- "Pourquoi es-tu si méfiante Lynn? On t'a déjà dit que tu étais en sécurité ici. La guerre est loin de cet endroit. D'ailleurs, ce lieu est intemporel. C'est un havre de paix pour les étudiants en magie..."

[hj : *se frotte les mains à l'idée de faire une nouvelle victime* Non, je n'attaquerai personne, promis *croise discrètement ses doigts dans son dos* Bon, on flood pas >.< Le violon, c'est beau mais c'est assez dur d'atteindre les cordes du milieu ^^' Pas de flood !!]

La dernière note retentit dans l'air, telle un petit vent d'air frais qui, doucement mais sûrement, rejoint son lieu d'origine.
Le jeune homme ne s'était pas aperçu de sa présence mais il ne tarda pas à la remarquer et lui demanda de ne pas le tuer avant qu'il n'ait rangé le violon. Lynn, de toute façon, ne comptait pas le tuer, pas cette fois en tout cas. Elle rangea le poignard et s'approcha de lui. Une autre personne, à sa place, aurait peut-être montré de la colère... De la haine ou quelque chose dans ce genre-là. La jeune fille, elle, était totalement calme. Ses yeux étaient redevenus vides. Son enveloppe de mystère avait à nouveau pris le contrôle.

"La langue allemande est la pire des langues que je connaisse." fit-elle d'une voix... Mystérieuse ? Ténébreuse ? Personne ne pourrait vraiment définir sa voix, en tout cas, pas un trémolos de colère ne vint ponctuer ses paroles.

Le jeune homme continua sur sa lancée. La sécurité ? La paix ? Mais tout cela n'existait pas ! Aucun endroit ne connaissait la paix absolue, il fallait s'y faire, c'était ainsi.

"La méfiance peut-être une qualité... Quant au "havre de paix (quand ces trois mots sortirent de sa bouche, un léger dégoût vint les qualifier), il n'existe pas... Il n'existera d'ailleurs jamais."

Elle s'avança un peu plus et planta ses yeux dans ceux du jeune homme.

"Et puis, ne dites pas de bêtises, nous sommes en 1955, dix ans après la guerre, la mémoire vous reviendrait-elle ?"

La langue allemande est la pire des langues que je connaisse.

Le jeune homme acquiesça silencieusement, soulagé que la fille ait rangé son couteau. Néanmoins, il restait sur ses gardes.

Et puis, ne dites pas de bêtises, nous sommes en 1955, dix ans après la guerre, la mémoire vous reviendrait-elle ?

Cette fois, il secoua lentement la tête en signe de dénégation.

- "Navrée de te déçevoir, mais TU es de 1955. Pas moi. Je suis de 2005, l'époque des téléphones portables et d'internet, des Mac Do à foison... Lynn, je te jure que c'est la vérité aussi incroyable qu'elle paraisse. La magie existe, cet endroit en est la preuve. La deuxième guerre mondiale a été horrible, un véritable massacre et a montré la bestialité des êtres humains. Je comprends ton comportement. Tu crois vraiment que si j'essayais de te mentir, j'inventerais une histoire aussi grotesque de magie?"

Lynn se retint de ricanner. Pourtant, un doute tout nouveau l'assaillait. Qu'est-ce que c'était... Internet ? Elle s'approcha de lui, pour deviner s'il lui mentait ou non. Apparemment, ce n'était pas le cas.

"Qu'est-ce qu'Internet ?" demanda-t-elle d'une voix éteinte.

A la place de Tristan, le visage de sa mère lui apparaissait. Elle secoua la tête pour chasser cette vision néfaste. Ca lui arrivait souvent depuis quelques temps.
Elle voulait bien le croire... Mais la magie !

"La magie n'existe pas, d'accord ? Sinon... Elle m'aurait aidé !"

Elle recula d'un pas et le poignard réapparut presque aussitôt. Si une seule chose la destabilisait, elle se sentait en danger. Sa méfiance était tellement élevée qu'elle frôlait la paranoïa... Mais, c'était peut-être normal... Étant donné ce qu'elle avait vécue... Ca l'avait peut-etre... Traumatisée ? Elle soupira, n'importe quoi ! Elle devenait folle.
Lynn passa une de ses mains dans ses cheveux, complètement perdue. Mais elle fit tout pour ne rien montrer. Personne ne devait savoir, personne ne devait savoir que la fille de glace n'était qu'une simple fillette complètement perdue... Qu'un simple "changement de temps" avait suffit à la destabiliser.

Tristan ne répondit pas tout de suite. Il jaugeait Lynn en silence. Ses réactions étaient plutôt violentes. Avait-elle peur de ce qu'elle ne comprenait pas? A nouveau, elle sortit son couteau, mais sembalit un peu moins menaçante. Le jeune homme avait du mal à la cerner. Finalement, il répondit en parlant lentement :

- "Hum... si mes souvenirs sont exactes, voilà seulement que les ordinateurs apparaissent à ton époque non? De gigantesque machines, très lentes... Eh bioen, elle se sont dévelloppées et maintenant, pratiquement chaque foyer en possède un."

De ses deux mains, il montra la taille de l'écran d'un PC.

- 'Ils sont devenus assez petits et de plus en plus puissants, avec écran couleur... Internet, c'est..."

Il se passa une main dans les cheveux, embarassé. Cela était tellement naturel pour lui, comment l'expliquer à elle?

- "En fait, c'est un gigantesque réseau où le monde entier est relié par les ordinateurs. Ainsi, tu peux consulter des sites qui parlent de tout et qui peuvent aussi bien être américains que japonais ou russe. De même tu peux communiquer instantanément avec une personne située à des milliers de kilomètres de là... Je ne vois pas trop comment t'expliquer ça... c'est comme si tu essayais de m'expliquer ce qu'est la radio... c'est devenu courant chez nous. De même la télévision est nouvelle pour toi... à mon époque, il y en a une ou même plusieurs par maison."

Il la fixa étrnagement.

- "Pour la magie, je ne sais pas quoi te répondre... Je n'y connais rien. Tout ce que je sais c'est que j'étais tranquillement chez moi, qu'un vieil homme m'a murmuré mon vrai nom à l'oreille une nuit de pleine lune et que maintenant je suis là. Que j'ai vu un élève devenir un aigle, de même que j'ai vu un aigle devenir une femme. Et que je suis en train de parler à une fille de mon âge qui a connu la guerre... Cela me suffit. Mais, je ne suis pas sûr que la magie aurait pu empêcher la guerre... Il y avait trop de rancoeurs entre nos nations..."

Sa voix était devenue étrangement triste. Il savait ce qui s'était passé en 40... mais rien n'aurais pu l'empêcher...

Lynn tenait son couteau à la main. Elle préférait rester sur ses gardes avec lui. Sa voix s'était fait lente, peut-être cherchait-il à ne pas se retrouver embrocher au bout de son poignard.
Les ordinateurs ? Elle n'en savait rien. Elle n'avait pas mis les pieds dans une maison ni même dans un lit depuis 10 ans. Elle ignorait même qu'ils existaient. En tout cas, elle ne comprenait... Des écrans ? Avec des couleurs ? Bizarre... Elle ne connaissait pas ces... Choses à couleurs. Mais ce n'est pas vraiment ça qui la saisit. Ce qui la perturba vraiment c'était d'entendre parler de foyers... De maisons... Tout le monde en avait ? Elle aurait bien aimé poser la question mais elle aurait semblé trop sympathique et elle ne voulait pas qu'on la voie comme quelqu'un de gentil. Elle préférait qu'on la laisse tranquille.

Le jeune homme entreprit de lui expliquer ce qu'était internet. Sauf que Lynn ignorait ce qu'était les sites... Américains ? Japonais ? Sa tête tournait. Elle ne comprenait rien. Rien du tout. Essayer de comprendre l'aurait sans doute rendu encore plus méfiante.
Elle réfléchit quelques instants... 2005... C'était loin, 2005, très loin. Ca faisait presque peur. Une question la tiraillait depuis quelques temps et elle ne savait pas si la poser aurait suffit à la rendre gentille aux yeux du jeune homme.

Elle abandonna ses pensées et remarqua son regard étrange. La jeune fille s'avança légèrement mais abandonna.
Et voilà que la magie revenait sur le plateau. Par contre... Ce vieil homme... Elle aussi, elle en avait vu un... Est-ce que ce n'était qu'une coïncidence ?

"Attendez ! Votre... Vrai nom ?"

Un air perplexe s'afficha sur son visage et s'effaça quelques instants plus tard.
Pourtant, il continua. Peut-être répondrait-il à sa question après. Un aigle ? Une femme ? Un élève ?

"Pourquoi vous... N'avez pas connu la guerre ?"

Elle ne répondit rien sur le fait que la magie aurait pu les aider ou pas. Elle préférait ne rien dire. Tout ce qu'elle voulait, c'était retourner là d'où elle venait. Quitter tout ça pour revoir sa forêt.
La même question continuait de la tourmenter. Elle était consciente d'en poser beaucoup mais le jeune homme était obligé de lui répondre, sinon, elle le tuerait.

"Est-ce que... Vous savez lire et écrire ?" questionna-t-elle, impassible extérieurement mais tremblante d'excitation au fond d'elle.

Attendez ! Votre... Vrai nom ?

Le jeune homme continuait à la regarder, l'air indéchiffrable.

- "Oui, mon vrai nom... Enfin, c'est ce qu'il a dit. un nom d'animal. Tu as du recevoir le tien toi aussi pour être là. Par contre, celui qui te l'a dit aurait pu t'expliquer un peu ce que cela entraînait..."

*Cela m'aurait éviter de me retrouver avec une lame sous la gorge.* ajouta-t-il in petto. Puis, elle posa une deuxième question.

- "Non, je n'ai pas connu la guerre, je suis né en 1990. Ou du moins, pas cette guerre là. Il y en a eu d'autres, mais pas en Europe. Au moyen-Orient, dans les colonies... Mais, je n'ai jamais souffert de la guerre et je pense que cela ne se produira plus en Europe."

Il n'osa pas lui dire que la france et l'Allemagne étaient désormais amies... il avait peur que ce genre de révélations ne lui vaille de gouter au couteau de la demoiselle. Enfin, elle posa une troisième question, la plus bizarre de toutes. Il haussa les épaules avec désinvolture :

- "Bien sûr que je sais lire et écrire! C'est obligatoire. Enfin normalement... Pourquoi? Cela n'est pas courant à ton époque? Ah au fait, arrête de me vouvoyer s'il te plaît..."

Son air interrogateur réapparut. Il y avait tellement de questions qu'elle se posait depuis longtemps auxquelles il pouvait répondre. D'accord, elle ferait de lui son informateur (et ce n'était pas forcément le meilleur rôle qu'elle pouvait attribuer à quelqu'un, un seul faux pas et elle l'égorgerait pour en choisir un autre). Il faudrait qu'elle lui annonce cette merveilleuse nouvelle.
Un nom animal... Elle réfléchit quelques instants, tentant de se remémorer la brusque apparition du vieil homme... Ah oui ! Il avait murmuré quelque chose comme panthère noire... Enfin, ce n'était sûrement pas ça (n'oublions pas de rappeler que Lynn n'est jamais allée à l'école, sa mère, n'ayant pas le temps de l'éduquer, elle ne sait pratiquement rien et n'a acquit aucune connaissance au cours de sa vie, à part la maîtrise des armes, bien évidemment). Elle faisait tournoyer son poignard dans sa main. Ca l'aidait quelque fois, quand elle devait réfléchir. Si elle le croyait -encore fallait-il que sa méfiance descende à 90%- il était née en 1990. 1940... 1990... Combien d'années séparaient ces deux dates ?
Mais, ce fut à la troisième réponse qu'elle crut vraiment s'évanouir. Il savait lire et écrire ! C'était un richard ! Un de ceux qui avaient pu se reconstruire rapidement après la guerre... Non ! Il était né en 1990, il fallait qu'elle arrête de penser n'importe quoi.
La jeune fille se mit à faire les cents pas. Elle ne voulait pas passer pour la gentille... Mais elle avait tellement de questions qu'il lui était impossible de ne pas en connaître la réponse.

"Non... Non, savoir lire et écrire... Comment expliquer ? Il a fallu un moment aux personnes pour se reconstruire, pour la plupart, ils n'ont pas voulu retourner à l'école... Et moi... Euh... Je ne sais pas lire et écrire, c'est tout !"

Elle préférait passer cette partie de sa vie, expliquer vraiment pourquoi elle n'avait pas pu se reconstruire elle non plus... De toute façon, pour lui, la guerre n'était rien, il n'y était pas.
En tout cas, il y avait eu d'autres guerres d'après lui. Bon maintenant, elle avait le droit de poser ses questions.

"Le vieil homme a murmuré panthère noire... Ca veut dire quelque chose ? Combien il y a d'années entre 1940 et 1990 ? Est-ce que c'est dur d'apprendre à lire et à écrire ? Croyez-vous que ça me sera utile ici ?"

Elle n'avait pas tenu compte du fait qu'il ne voulait pas qu'elle le vouvoie, c'était devenu courant pour elle.

"Ah oui ! Vous êtes mon informateur, j'estime qu'il est mieux pour vous que vous le sachiez."

Tristan subit sans broncher l'avalanche de questions. il allait répondre quand elle lui annonça froidement qu'il était son informateur. Il fit la grimace :

- "Je préférerais ami à informateur, mais bon. Tu n'as pas besoin de me menacer pour que je réponde à tes questions, je le ferais volontiers, du moins, si j'ai la réponse."

Il réfléchit et tenta de répondre à peu près dans l'odre des questions :

- "Alors, panthère noire, c'est ton vrai nom, cela veut dire que, quand tu croiras à la magie, tu pourras te transformer en cet animal. C'est le secret de ton pouvoir."

Puis, il pencha la tête.

- "Oui, ce félin te va bien..."

Il sourit à la jeune fille, sincèrement et reprit plus sérieusement :

- "Il y a 50 ans entre 1940 et 1990... tu aurais l'âge d'être ma grand mère, enfin sans vouloir te vexer."

Il avait ajouté ses derniers mots très vite, n'étant pas certain qu'elle serait sensible à l'humour.

- "Enfin, je ne sais pas si c'est dur d'apprendre... On fait ça dés l'âge de 5 ou 6 ans... Ca parait tellement naturel. Je pense que tout dépend de ta capacité de compréhension et d'apprentissage. Et oui, tu vas en avoir besoin ici, car je pense qu'on va avoir des livres ou des copies à rendre."

Il se mordit la lèvre avant d'ajouter à voix basse :

- "Je t'aiderais si tu veux."

Une nouvelle question venait s'ajouter à son palmarès. Elle attendit d'abord la réponse à toutes ses questions quand d'autres lui vinrent encore en tête. Heureusement qu'il était là ! Elle aurait fini par devenir folle mais ça, elle ne le lui dirait jamais. Il ne faudrait qu'il se sente indispensable.
Lynn n'était vraiment pas sensible à l'humour du jeune homme. Elle trouvait même cette phrase pitoyable.

"Avez-vous déjà eu une grand-mère à qui l'envie de vous assassiner lui démange ? Et, même si c'était le cas, celle-ci l'aurait-elle fait ? Je ne pense pas."

Elle n'ajouta pas la suite, certaine que le garçon comprendrait parfaitement son sous-entendus (= alors fermez-la avec votre humour débile ou je n'hésiterai pas à vous clouer à l'arbre).
Lynn soupira. Quelle tuile ! Elle venait à peine d'arriver que déjà, elle se trouvait avec une longueur de retard par rapport aux autres. Au moins, elle parlait la même langue, c'était toujours ça.
Elle respira un grand coup et se prépara à déverser à nouveau ses questions.

"En quoi la panthère noire me va bien ? Comment avez-vous fait pour savoir que c'était 50 ans ? Pourquoi pas 30 par exemple ?"

Elle réfléchit un instant et reprit à nouveau.

"Qu'est-ce qu'un ami ?" Sa voix ressemblait à un murmure lorsqu'elle demanda cette chose.

Elle accepta qu'il l'aide.

"Oui, je veux bien que vous m'aidiez. Mais au moindre faux pas, je vous tue, est-ce clair ?"

Elle s'adressait à lui comme elle s'adressait aux gens en 1955, il y en avait qui n'était vraiment pas commodes et il valait mieux leur tenir tête quoi que cela lui avait déjà attiré quelques ennuis.

Bon la fille n'avait pas d'humour. C'était toujours bon à savoir, il ne s'y risquerait plus. Puis les questions reprirent. Et à nouveau, Tristan répondit :

- "Je disais que ça t'allait bien parce qu'il y a quelque chose de cet animal en toi... Et ne me demande pas quoi, j'en sais rien!"

A nouveau, il se passa la main dans les cheveux. Cette fille était stressante.

- "Et je dis 50 parce que c'est ça : 1990-1940 ça a toujours fait 50 et ça fera toujours 50, c'est comme ça. Tu verras quand tu sauras compter."

Les menaces, ça commençait à bien faire! Le jeune homme commençait à s'énerver et ça ce n'était pas bon.

- "Maintenant, tu serais mignonne si t'arrêtais de toujours me menacer de me tuer, ça commence à m'énerver sévère! Ta vie n'est pas en danger ici et tu n'as pas besoin de pointer une arme sur les autres pour qu'ils te rendent service! il suffirait juste d'un bonjour, s'il te plait, merci et voilà tout. C'est la B-A-BA! Mais ça non plus, vous ne l'apprenez pas en 1955?"

Il respira un grand coup pour se calmer.

- "Un ami, c'est quelqu'un sur qui tu peux compter et qui est ptrêt à te rendre service GRATUITEMENT, parce que ça lui fait plaisir. Il n'y a pas de menaces dans cette relation et j'avoue que je préfère, va savoir pourquoi?"

Lynn haussa les épaules. Apparemment, il ne connaissait pas la réponse à sa première question. Peut-être que quelqu'un la lui fournirait plus tard.
Sa deuxième réponse ne tarda pas arriver. Ca fera toujours 50, d'accord mais pourquoi ? En quoi ça lui servirait de savoir compter ? Elle n'en avait vraiment rien à faire.

Bientôt, de la colère se perçut dans les paroles du jeune homme. Pas impressionnée pour un sou, Lynn l'écouta calmement, l'air totalement vide. Elle rangea le poignard et leva les mains au ciel. Il regretterait plus tard cet excès de colère contre elle.

"Ah... Parce que vous croyez que devant des soldats allemands qui s'amusent à envoyer des personnes dans des camps, vous allez leur dirent : bonjour monsieur, quel temps fait-il aujourd'hui ? Vous croyez peut-être que ce n'est qu'un jeu ? J'avais autre chose à faire qu'à apprendre des règles de politesse qui ne me seraient d'aucune utilité pour survivre ! Je suis certaine que si vous aviez vécu à mon époque, vous seriez parmi ces snobs qui se croient au-dessus de tout !"

Elle remarqua sa respiration lente, il tentait de maîtriser ses nerfs. Intéressant... Il ne se maîtrisait pas. Ca lui faisait un point faible.

"Alors... Avoir un ami c'est complètement stupide. Cette relation serait basée sur une confiance absolue qui est impossible à avoir. Il y en aurait toujours un pour soupçonner l'autre. C'est toujours comme ça que ça marche."

Elle lui lança un regard étrangement vide.

"Vous savez quoi ? Je ne pense pas qu'on puisse perdre des habitudes intégrées depuis sa naissance en un claquement de doigts. Personne ne m'acceptera jamais telle que je suis, tout simplement parce que je viens d'un autre temps. Un temps où la méfiance règne. Où on ne peut faire confiance à personne. Où les amis ne comptent pas, parce qu'on en a pas... Cette école est une idée ridicule, j'aurais préféré rester là où j'étais plutôt que de me retrouver plonger dans des technologies et des choses que je ne connais pas."

Lynn préféra tourner les talons et s'en aller. Elle se mit en quête d'un nouveau coin de parc, loin de tout ça. Elle savait très bien que ses paroles étaient ridicules mais pour l'instant, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait c'était rentrer chez elle... Enfin, chez elle, façon de parler. Elle retrouva un coin entre les racines d'un arbre, se roula à nouveau en boule et repartit en quête du sommeil.

Tandis qu'elle s'éloignait, tristan ne put s'empêcher de répondre :

- "Ce n'est pas parce que tu es méfiante que l'on ne t'acceptera pas, mais parce que tu ne sais que menacer pour obtenir ce que tu veux! D'accord, tu as vécu des choses difficiles, voire horribles, mais malgré tout, il y a eu de beaux gestes basés sur la confiance pendant la guerre! Et ces familles qui ont receuillis les juifs traqués? Il a bien fallu que les juifs leur fasse confiance pour se réfugier chez eux, non? Je ne nie pas qu'il y a eu beaucoup de déceptions et de trahisons, mais néanmoins, il reste des gens bien! Et si tu ne peux croire en ces gens alors je te plains vraiment!Il y a certaines fois, où il faut faire abstraction de la méfiance et faire confiance : après c'est quitte ou double! Ou on a eu tord et cela s'avère catastrophique, ou on a eu raison et c'est tout bénéfice! Je ne te demande pas de me faire confiance, juste de réserver ton jugement sur moi ou sur les autres. Le temps te prouvera que j'avais raison. Et pour finir, si tu apprends la magie, pense à ce que tu pourras faire pour tes proches ou les autres! Penses-y et on verra si tu regrettes toujours d'être ici, Lynn!"

Il avait crié les derniers mots alors qu'elle s'éloignait. puis, il murmura, rageur :

- "Et je ne suis pas un snob!"

Puis, il remballa ses affaires et quitta le parc, laissant cette fille étrange ruminer tout son saoûl.